Sophie Zénon « L’humus du monde »
- Exposition
- Lieu Galerie le Château d'Eau
-
Public
- Tout Public
- À partir de 10 ans
- Tarif 3€ - 5€
A l’occasion de sa réouverture, le Château d’Eau a souhaité inviter l’artiste photographe française Sophie Zénon à investir ses nouveaux espaces.
De l’intime à la grande histoire, L’HUMUS DU MONDE dessine en creux le portrait de cette artiste fascinée par la beauté et l’effroi, habitée par les questions de la mémoire et du passage du temps. La place du souvenir, notre rapport à l’oubli, à la perte, à l’absence, à la mort, mais aussi à l’exil et aux migrations sont des notions centrales de son univers. Des sujets universels sur lesquels Sophie Zénon revient à chaque fois avec une nouvelle approche, tant thématique que formelle. Au fil des années, l’œuvre de l’artiste se déploie en une narration protéiforme révélant la place importante qu’elle accorde à la matérialité, privilégiant l’hybridation des médiums : tirages photographiques, archives réactivées, livres d’artiste, vidéos, installations, mais aussi gravures sur verre, monotypes, estampages tissés et modelés… De ces pratiques expérimentales sont nées des œuvres organiques, vibrantes et poétiques guidées par les notions de fragilité, d’impermanence et de souffle de vie.
La physionomie particulière du lieu a inspiré à l’artiste une scénographie filant la métaphore du cercle, évocation pour elle du cycle de la vie et de la mort. Le parcours de l’exposition s’articule en trois chapitres déclinant les cycles successifs de travail de Sophie au travers des espaces du Château d’Eau : Dans la Tour, au rez-de-chaussée : REMANENCES (depuis 2013) autour de la mémoire des paysages de guerre ; au sous-sol : IN CASE WE DIE (2008-2011), un cycle sur la mort s’inscrivant dans la continuité de la photographie post-mortem du XIXe siècle auquel l’artiste a adjoint, pour cette exposition, de nouvelles créations inédites ; et enfin à la Galerie 2 : ARBORESCENCES (2010-2017) dédié à sa propre histoire familiale.
Dans les deux espaces de la Tour, Sophie Zénon fait dialoguer son travail avec dix-sept peintures, sculptures, objets ou vidéos de différentes époques et continents empruntés à des institutions toulousaines (Musée des Augustins, Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy, Musée Saint-Raymond – musée d’archéologie et Les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse).
“Le titre que j’ai donné à mon exposition au Château d’Eau, L’humus du monde est un titre organique, il se lit autant qu’il se respire en réussit en quelques mots à évoquer à la fois le passage du temps et les stratifications de l’histoire. L’évocation d’une odeur de sous-bois, de décomposition, mais aussi de ferment nourricier,[…]. Un éternel recommencement.”
Ce titre est emprunté à l’œuvre de Paola Pigani « L’humus du monde » (in, Les dormeurs de la forêt, FMA édit. 2022).
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Texte de Damarice Amao
Commissaire d’exposition et conservatrice au MNAM Pompidou
Formée à l’anthropologie, Sophie Zénon poursuit depuis trois décennies une œuvre artistique hybride explorant les ressorts de la mémoire, la fragilité de nos existences humaines, et non humaines. A la recherche de l’indicible, de ce qui échappe à la perception et à l’intelligibilité immédiate, Zénon conduit de patientes enquêtes sur notre rapport aux éléments naturels, à la mort et au sacré (Momies de Palerme,). Par ailleurs, en résonance avec son parcours intime et familial (L’Homme Paysage /Alexandre, Dans le miroir des rizières / Maria), Zénon se réapproprie le récit d’événements historiques en dessinant de nouveaux espaces d’imaginaire poétique et de perception sensible (L’Herbe aux yeux bleus). Dans tous les cas, il est question de faire resurgir, au présent, les spectres qui hantent nos paysages et nos vies, en vue d’interroger la manière dont le passé nous façonne pour mieux lui donner corps.
En ce sens, Zénon n’est pas seulement une artiste puisant dans l’expérience du chamanisme qui lui est chère. Elle est également une photographe-alchimiste qui expérimente, met à bout, indiscipline le médium photographique afin d’en augmenter son pouvoir de révélation. Photogramme, collage, estampage, modelage, graphite, bois, pigments, cire et même or – telle est la liste non exhaustive des gestes et matériaux investis depuis plusieurs années par l’artiste.
Elle partage ainsi cette jubilation pour la matière et son expérimentation avec des cher-cheurs, des poètes, des écrivains, des tireurs, des graveurs et des artisans d’art, qui l’accompagnent au cours de ses différents projets. Ces rencontres aboutissent à la réalisation de pièces uniques à la fois objets précieux et sculptures, qui prolongent avec subtilité l’univers de ses images photographiques (Air, Eau, Terre et Feu).
Cet esprit de dialogue parcourt l’actuelle présentation au Château d’Eau. L’humus du monde nous invite à une immersion organique dans les diverses ramifications de l’œuvre protéiforme de l’artiste. Bien plus que l’exactitude chronologique, ce sont les échos formels, conceptuels tissés entre ses vidéos, ses installations, ses photographies, ses livres d’artiste, qui régissent le cours de cette déambulation dans l’architecture singulière du Château d’Eau.
L’artiste nous convie tout autant à entrer dans son univers plastique que dans son musée imaginaire reconstitué ici de manière inédite avec la présence de pièces originales issues de sa collection personnelle et de cinq institutions publiques de la Ville de Toulouse - Les Abattoirs – MNAM Pompidou et les musées des Augustins, des Arts Précieux Paul-Dupuy, Labit et Saint-Raymond. Précieux compagnons de route de l’artiste, des œuvres de Dado, de Dieter Appelt, Zoran Mušič, de Glenda León, d’Henri Michaux mais également des vanités hollandaise et italienne des 17ème et 18ème siècles, ainsi que divers objets vernaculaires ou anonymes ponctuent cette plongée intime dans l’exceptionnelle matrice artistique de Sophie Zénon.
Le lieu



