Exposition Richard Pak « La Firme » > 24 oct. 2024 – 5 janv. 2025 – Fermetures exceptionnelles à 16h les 24 et 31 décembre.
Du mardi au dimanche de 11h à 18h au 58 allées Charles de Fitte (nouveau lieu pendant la durée des travaux).
Novembre/Décembre 2023 à la bibliothèque
Modifié le :
La bibliothèque reste ouverte pendant les fêtes (fermé le samedi 30 décembre 2023). Profitez-en !
1 mois 1 thème : Le Japon
La bibliothèque du Château d’Eau vous propose cette fois-ci de voyager au Japon en compagnie d’un guide particulier, « Punk Grandpa », ou de déguster des whiskies en service Mizuwari dans les bars de Tōkyō, ville tentaculaire qui a inspiré nombre d’artistes. Un Tōkyō nocturne transfiguré en noir et blanc chez Bruno Labarbère, ou sorti tout droit du film Blade Runner pour Liam Wong. Poursuivant sa quête de résilience, Pierre Elie de Pibrac nous propose quant à lui de nous faire ressentir une mélancolie toute japonaise avec son élégant Hakanai sonzai, signifiant poétiquement «je me sens moi-même une créature éphémère».
Pierre-Elie de Pibrac, Hakanai sonzai, Atelier EXB, 2023
Entre décembre 2019 et aout 2020 Pierre-Elie de Pibrac (France, 1983) est parti au Japon pendant huit mois pour raconter « L’histoire d’individus qui cherchent à comprendre leur identité face au poids des règles de la société ». Il va notamment photographier des mineurs de Yūbari (dans le nord du pays), des hikikomori (qui n’arrivent plus à sortir de chez eux), ou des rescapés de la catastrophe de Fukushima de 2011. Cette série constitue le deuxième volet d’une trilogie sur la résilience commencée à Cuba chez les cultivateurs de canne à sucre (Desmemoria, 2019). Elle s’articule par des images en couleur réalisées à la chambre et de clichés en noir et blanc imprimés sur papier japonais, et alterne portraits et paysages magnifiant une nature nippone toujours un peu inquiétante. Pierre-Elie de Pibrac a su capter cette mélancolie propre à la culture japonaise, et nous faire gouter à la saveur de l’éphémère (« hakanai »), en mettant en scène des personnages de chair à la présence fantomatique, enveloppés de brumes ou figés dans le flux de leurs activités quotidiennes, comme tirés d’un film de Kiyoshi Kurosawa. Hakanai sonzai est à la fois une ode à la culture japonaise et un hommage sincère et respectueux à ces personnes vivant en marge du système.
Masanori Kamide, S-Ken, Punk old dicks, Super Labo, 2023
Masanori Kamide (alias September Note), est un photographe japonais né en 1962 à Osaka. Il a commencé sa carrière en tant que DJ et musicien dans les années 1980, et s’est tourné vers la photographie en 2011. Après sa première monographie (The blues of monochrome, 2016) qui explorait de nuit les rues et bars de Tokyo, S-Ken est le portrait gouailleur, toujours en noir et blanc, d’un musicien et producteur de la scène rock japonaise, affectueusement surnommé “Punk Grandpa“ par ses admirateurs. S Ken, qui a eu 76 ans en 2023, a connu l’électrisante scène punk de New York à la fin des années 70, trainant dans le temple rock CBGB, haut-lieu culturel qui a vu se produire Blondie, les Ramones, ou les succulents Television.
« Nous nous sommes promenés dans l’est de Tōkyō comme de jeunes garçons enthousiastes, pleins de curiosité, et avons pris beaucoup de photos, ce qui nous a permis de réaliser ce livre. «
L’ouvrage comporte 88 clichés sélectionnés sur plus de 18 000, pris entre 2016 et 2023. S-Ken a repris depuis 2016 sa carrière de musicien, et on peut aussi le voir sur scène ou en studio, l’énergie punk semblant encore l’animer, entouré de ses musiciens ou choristes… Un portrait du président des « Tōkyō Rockers », qui continue à tirer la langue, hilare, comme un gamin facétieux, empli d’une infatigable énergie que Masanori Kamide a parfaitement traduite dans ses images.
Bruno Labarbère, Mizuwari, Hemeria, 2023
Bruno Labarbère (France, 1987) est un photographe de rue et un journaliste technique spécialisé dans la photographie. Le Japon est un pays qu’il visite régulièrement depuis 2011. Mizuwari décrit une pratique typiquement japonaise consistant à boire son whisky allongé d’eau plate et accompagné de glaçons. Mais attention, tous les whiskies ne fonctionnent pas en service mizuwari ! Le saké ou shochû peuvent également être bu de cette manière. Le projet, qui était initialement un documentaire sur les distilleries japonaises s’est transformé ironiquement en une errance nocturne dans Tōkyō parmi les bars du Golden Gai, les izakayas de Yûrakuchô, ou encore dans les lounges du quartier de Roppongi. Le livre, façonné en cahier à spirales, propose des nombreux instantanés de vie tokyoïte déclinés dans un noir et blanc profond, nourri par l’esthétique de la revue japonaise Provoke (publiée entre 1968 et 1969). Il résume pour l’auteur dix années d’une « déambulation semi-éveillée dans les ruelles de Tōkyō ». Outre ses rencontres nocturnes, il traduit également l’extraordinaire vitalité de la ville, entre des scènes d’usagers du métro, des selfies pris dans la rue devant des personnages de mangas, ou autres ballets de japonaises cachées sous leurs ombrelles.
Masao Yamamoto, Kurayami, IIkkI, 2023
Masao Yamamoto est un photographe japonais, né en 1957 sur l’île de Honshū. Il a tout d’abord étudié la peinture. Kurayami est le fruit d’un dialogue entre lui et le musicien-compositeur Akira Uchida, le projet complet comportant le livre et la partition musicale (CD, vinyl ou édition numérique). La maison d’édition française Iikki poursuit avec cette publication le concept développé par son créateur, Mathias Van Eecloo, soit de mettre en relation un photographe avec un musicien. Les mélopées éthérées, renforcées par des bribes de chants bouddhistes s’accordent aux photographies de paysages minimalistes de Masao Yamamoto, faits d’arbres isolés au sommet d’une colline, ou se détachant sous la neige. Un univers minéral également, tout aussi dépouillé, accompagne quelques nus se perdant dans une épaisse obscurité. Ces paysages ou nus féminins sont traités plastiquement comme les natures mortes présentes dans l’ouvrage, fleurs roches ou bonzaïs. Masao Yamamoto fabrique des images argentiques majoritairement en noir et blanc, qu’il rehausse parfois de peinture. Une forme de recherche plastique magnifiant les éléments naturels, et qui expérimente la lumière dans l’obscurité, comme le souligne le sous-titre de son livre (« in the darkness, the light« ).
Liam Wong, T0:KY:00, Thames and Hudson, 2020
Liam Wong est un photographe écossais et concepteur de jeux vidéo comme Crysis et Far Cry, et a été directeur artistique chez Ubisoft Canada. L’ouvrage célèbre un Tōkyō nocturne et pluvieux, illuminé par les éclairages divers. Armé de son reflex numérique il a parcouru les districts de Shinjuku, Shibuya ou encore Akihabara, capturant la ville de nuit, transfigurée en un kaléidoscope de néons rouges, verts, bleus ou jaunes. L’utilisation maitrisée de la couleur magnifie ces images fugaces se reflétant dans les pavés humides, et composent un univers à la fois sensoriel et cinématographique. Il avoue lui-même avoir été influencé par le film de Ridley Scott Blade Runner (1982) et son ambiance mêlant néo-noir et cyberpunk. On peut également déceler l’influence du réalisateur hongkongais Wong Kar-wai, et plus particulièrement son film In The Mood For Love (2000). L’ouvrage comporte d’ailleurs un making-off où l’auteur analyse son processus créatif : comment il utilise les couleurs complémentaires devenues sa « signature », comment il élabore la composition d’une image, ou bien encore sa façon d’utiliser la postproduction…. Autant de petits secrets révélés au spectateur qui décryptent la poétique de son Tokyo vaporwave.
Kishin Shinoyama, Nude, Camera Mainichi, 1970
Cette superbe édition japonaise grand format datant de 1970 résume le talent du photographe japonais Kishin Shinoyama (Tōkyō, 1940) dans la mise en scène des nus, plus particulièrement féminins. Nude est construit par plusieurs séries, dont la célèbre « Death Valley » : le photographe confronte le décor lunaire de ce désert aride avec les corps de ses modèles, jouant avec les ombres et la carnation des mannequins. Cet espace minéral naturel, circonscrit dans le désert des Mojaves en Californie et non loin de la « Sin City » Las Vegas va également inspirer le photographe français Jeanloup Sieff (1933-2000) pour son célèbre ouvrage La vallée de la mort (Filipacchi-Denoël, 1978). Naoyo et Masayo, les deux twin sisters, « Brown Lily », « Maki and Sinatra » font également partie de cette célébration de la nudité dans ce qu’elle a de plus plastique, sculpturale, idéalisée. Les corps enlacés ne forment parfois qu’une entité, se détachant sur un fond monochrome, tout en pleins et déliés. Avec la série « Phantom » il change de décor pour l’univers urbain de Tōkyō et expérimente le procédé de solarisation en couleurs, en utilisant également un objectif grand angle. L’effet de fantasmagorie et d’étrangeté évident se dégageant des images s’accordait au psychédélisme ambiant de cette tout fin des années 1960.
Grandes expositions
Anaïs Oudart, Héroïnes 17, Filigranes Éditions, 2023
Anaïs Oudart est la quatrième lauréate du Prix Caritas Photo Sociale, dont l’objectif est de « rendre visible les plus fragiles en soutenant les photographes qui travaillent sur les mêmes sujets de préoccupations que le réseau : pauvreté, précarité et exclusion en France« . La photographe a travaillé avec des jeunes femmes âgées de dix-huit à vingt-sept ans ayant connu l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), structure accueillant les mineurs en grave rupture ou précarité familiales. Réalisés en collaboration étroite avec les modèles, les portraits en couleur transmettent avant tout la volonté de toutes ces jeunes femmes à se battre pour réussir leur vie d’après les foyers d’accueil. Anaïs Oudart a utilisé les techniques exigeantes de la photographie de mode pour magnifier ces héroïnes modernes, telle Héria, capturée dans le hall de son immeuble et juchée sur un socle de fortune, avec une canne faisant office de sceptre de reine. La mise en scène joue savamment avec les couleurs et les ombres, et transmet le portrait d’une femme puissante au regard déterminé. Ces images fortes s’accompagnent de natures mortes à l’esthétique picturale, renvoyant symboliquement à un épisode de la vie de chacune. Car Héroïnes 17 déroule également leurs parcours respectifs modelés par l’abandon et la violence, et racontés par les protagonistes elles-mêmes. Le travail plastique d’Anaïs Oudart, tout aussi puissant que les histoires racontées, est à découvrir au Chateau D’eau jusqu’au 07 janvier 2023, en compagnie des finalistes du Prix Caritas 2023 : Sarah Leduc pour la série « Ailleurs ici » et Mat Jacob, pour « Thierry et la violence du monde ».
Sous la direction de Julie Jones, Corps à corps, Centre Pompidou, 2023
Le catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition « Corps à corps. Histoire(s) de la photographie » présentée au Centre Pompidou, qui rassemble plus de cinq cent photographies et documents réalisés par plus de cent vingt photographes historiques et contemporains. Un ensemble de photographies majoritairement en noir et blanc, s’articulant autour de la représentation de la figure humaine et des corps, et présenté sous des thèmes comme « Fulgurances », « En soi » ou « Spectres ». L’originalité du projet découle de la mise en perspective de la vénérable collection publique du Musée national d’art moderne (Mnam) avec celle, privée, et plus instinctive, de Marin Karmitz, distributeur et producteur de films indépendants. Ce dernier possède une collection de plus de 1500 photographies, constituée avec passion, laissant libre court à ses goûts. Le créateur de la société de films MK2 a enrichit les collections de Beaubourg en léguant notamment la superbe série sur les travailleuses berlinoises d’Helga Paris (Allemagne, 1938), ou les photos du polonais Stanislav Witkiewicz (1851-1915). Exposition visible jusqu’au 25 mars 2024 au Centre Pompidou, (Paris).
Viviane Sassen, Phosphor, Prestel, 2023
La photographe néerlandaise Viviane Sassen (Amsterdam, 1972) fait l’objet d’une première rétrospective à la MEP (Maison Européenne de la Photographie) avec l’exposition « PHOSPHOR : Art & Fashion 1990-2023 », qui réunit plus de deux cent de ses créations, et retrace plus de trente ans de production artistique. Les photographies de mode de Viviane Sassen sont des travaux de commande, mais qu’elle envisage comme un laboratoire créatif, tout autant que ses créations personnelles. Un univers décliné pour des marques prestigieuses (Carven, Vuiton, Stella McCartney/Adidas and Levi’s), ou pour des campagnes publicitaires réalisées pour des magazines comme Wallpaper, Numéro, Purple, ou Dazed & Confused. Le catalogue, de plus de 400 pages, rend compte en miroir des deux faces de son grand talent créatif, la partie plus personnelle et intime accentuant les expérimentations esthétiques sur les formes, les jeux subtils de couleurs et la gestuelle étudiée des corps. Elle n’hésite pas à utiliser ombres, miroirs et reflets, transformant ses modèles en créatures étranges. Des photographies mises en scène teintées de surréalisme, parfois rehaussées de peinture et incluant également des collages. Viviane Sassen, PHOSPHOR : Art & Fashion 1990-2023, à la Maison Européenne de la Photo (Paris) jusqu’au 11 février 2024.
Viviane Sassen, Self portraits 1989-1999, Kominek Books Berlin, 2023
Viviane Sassen est allée tirer de ses archives ses autoportraits de jeunesse pour la grande rétrospective à la MEP, autoportraits qui n’étaient pas à la base destinés à être exposés. A cette époque elle posait en tant que mannequin pour des photographes, et rêvait de passer de l’autre côté de l’objectif. Comme elle-même le souligne, on décèle déjà dans ces photographies son « intérêt pour la sculpture, le corps et la sexualité« . Les prémices de collages et d’ajouts picturaux sont déjà là également, un léger parfum surréaliste flottant sur certaines images. Une « exploration de jeunesse » qui résonne avec ses travaux récents, toujours selon ses propos, et qui nous fait mesurer la cohérence de son œuvre.
Bibliothèque Nationale de France, Épreuves de la matière, the(M)édtions, 2023
Avec cette exposition la BnF questionne la représentation de la matérialité et de la texture, en s’appuyant sur sa collection de photographies contemporaines. L’expression de Paul Valery, « La main de l’œil« , pourrait qualifier ce processus créatif proche de l’expérimentation : c’est à la fois une forme de représentation du réel, mais également un moyen de questionner l’approche photographique du sensible. Proche de l’abstraction, ces œuvres artistiques montrent la texture d’une peau, les matières minérales ou végétales, ou encore le jeu des surfaces géométriques, etc… L’ouvrage explore les différentes pistes envisagées par des photographes contemporains comme Geneviève Hofman ou Anaïs Boudot, Gregory Chatonsky, Mustafa Azeroual ou Lisa Sartorio… Le livre est découpé en quatre chapitres qui décrivent la « matière-image » en photographie : l’image tangible, labile, hybride et précaire. Avec des textes d’Héloïse Conesa, Marie Auger, Anne Cartier-Bresson, Michelle Debat et Marc Lenot. Exposition à voir à la BnF I Site François-Mitterrand (Paris), jusqu’au 4 février 2024.
Classiques à voir et à revoir
Collectif, Emile Zola et la photographie, Éditions Hermann, 2023
La Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie (MPP) a pour mission de collecter et valoriser le patrimoine photographique de l’État, et est « riche de vingt millions de phototypes (négatifs et tirages) remontant aux origines de la photographie« . L’ouvrage s’appuie sur l’acquisition par la MPP en 2017 de près de 2000 négatifs sur verre du célèbre écrivain naturaliste. Emile Zola (1840-1902) s’est mis à la photographie à l’approche de la cinquantaine, au moment où il débute une histoire amoureuse avec sa lingère, Jeanne Rozerot, avec qui il aura deux enfants, Denise et Jacques. Car si ces clichés forment, même sans avoir eu l’intention, le témoignage d’une époque, ils fonctionnent avant tout comme son autobiographie. Zola immortalise sur le vif sa vie quotidienne avec épouse et maitresse, à Médan ou à Verneuil : des portraits de Denise et Jacques, de ses amis, de Jeanne ou de sa femme Alexandrine abondent. L’ouvrage permet d’avoir enfin accès à de nombreuses images de cette intimité dévoilée, constituant la majeure partie du fonds, ainsi que de son voyage en Italie ou encore sa visite de l’Exposition Universelle de 1900. Ce corpus exceptionnel est accompagné de textes de spécialistes de Zola apportant un regard à la fois documentaire et critique.
Ruth Orkin, Bike Trip USA, 1939, Éditons Textuel, 2023
En 1939, à dix-sept ans, Ruth Orkin (1921-1985) traverse seule les États-Unis sur son vélo, de Los Angeles à New York, avec son appareil photo. Une expérience à la fois folle et courageuse. Plus précisément, elle parcourt les longues distances en train ou en bus, dormant dans des auberges de jeunesse ou chez l’habitant. Puis sillonne les grandes villes à vélo. Un voyage largement médiatisé dans la presse et à la radio, opération publicitaire orchestrée avec la rusée Ruth Orkin qui va lui permettre de financer son Bike Trip, ou obtenir des sacoches neuves. Au-delà de ce self-branding typiquement américain, il y a également une revendication féministe dans son voyage, les femmes à l’époque étant pour la plupart confinées dans la sphère privée. Les photographies offrent des images des villes traversées : San Francisco, Chicago, Philadelphie, Washington, New York… et annotées par ses soins : « Russian Hill. 6 heures du matin. Épicerie italienne pour le petit-déjeuner.« . Des images aux cadrages originaux qui laissent régulièrement apercevoir le paysage à travers les roues de sa bicyclette, des buildings en contre-plongée, ou jouant avec les ombres. Ruth Orkin alimente également son scrapbook d’articles découpés dans la presse relatant son périple. Catalogue publié à l’occasion de l’exposition éponyme présentée jusqu’au 14 janvier 2024 à la Fondation Henri Cartier-Bresson (Paris).
Martha Cooper, Spray Nation, Prestel, 2000
Martha Cooper (États-Unis, 1943) est progressivement devenue une icone respectée dans le milieu du Street Art après avoir photographié d’innombrables graffitis dans les rues New York, dès le début des années 80. Son livre Subway Art, best seller ultime édité en 1984 avec Henry Chalfant, est désormais considéré comme « la bible du graffiti« . Le bombage des rames du métro new-yorkais se transformait en geste artistique et devenait le pivot d’une culture street alors encore à ses prémices. Des artistes désormais reconnus vont émerger, comme Futura2000, Daze, Noc 167, Seen ou Lady Pink. Spray Nation, édité en format panoramique, est constitué d’une grande sélection d’images numérisées issues de centaines de milliers de bandes de kodachrome 35mm. Une jungle urbaine foutraque et canaille d’une « Big Apple » désormais disparue, faite de rames de métro taguées, de murs couvert de signatures ou de slogans (« Save our school !« ), ou parfois des muraux de Keith Haring ou Ron English. L’ouvrage documente également l’extraordinaire vitalité de cette contre-culture naissante, entre vernissage de la Fun Gallery (Lower East Side) et portraits d’artistes chez eux ou en action dans la rue. Un imaginaire urbain fidèlement retranscrit et joyeusement nostalgique, agrémenté notamment de textes de Steven P. Harrington et Miss Rosen.
Elliot Erwitt, Personal best, teNeues éditions, 2006
« Je suis surtout un artisan. Je dis souvent que je suis un photographe avec un hobby, qui est la photographie« . Cette maxime, pleine d’humilité et d’ironie, est du grand photographe américain Elliot Erwitt, qui nous a quitté le 29 novembre 2023, à l’âge de 95 ans. Ce fils d’émigrés juifs russes, né Elio Romano Erwitz en 1928 à Paris, va débuter sa carrière prolifique au sein de l’agence Magnum en 1954. Son travail hésitera brillamment entre le photojournalisme, la photographie publicitaire et des travaux personnels, sans jamais se départir de son style. Témoin privilégié du 20e siècle, Il fit le portrait de Charles de Gaulle, “Che” Guevara, Nikita Khrouchtchev, etc., ou des portraits de chiens. Son amour pour les toutous a laissé quelques images iconiques, tout autant que les célèbres photos de tournage du film maudit The Misfits (Les Désaxés, John Huston, 1961) avec Marilyn Monroe. Personal best résume donc la partie la plus personnelle de son travail, en noir et blanc, et permet d’apprécier son style, toujours sous-tendu par un humour bienveillant, capturant la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus absurde et joyeux. Ami du cinéaste Billy Wilder, autre exilé juif austro-hongrois célèbre, et autre grand moraliste amusé de la condition humaine, il va dans les années 70 devenir lui-même réalisateur de cinéma et de télévision. Une vie débordante, pour une œuvre toute aussi foisonnante.
Penser la photo
Sofia Coppola, Archive 1999-2023, Mack, 2023
Cet imposant ouvrage (488 pages) résume la carrière de la réalisatrice et productrice américaine Sofia Coppola, née à New York en 1971. A son actif, huit longs-métrages dont le superbe teen movie morbide Virgin Suicides (1999), le biopic revisité Marie-Antoinette (2006), ou The Bling Ring (2013), racontant l’histoire d’une bande d’ados huppées cambriolant les maisons de leurs stars préférées à Los Angeles. Sofia Coppola a su, dès son premier film, se détacher de son ascendance célébrissime, à savoir son père Francis Ford Coppola, et de sa famille irrémédiablement marquée par le cinéma : elle est notamment la cousine du fantasque Nicolas Cage. La réalisatrice a construit le livre à partir de ses propres documents : clichés pris lors des tournages, polaroids, images familiales ou extraits de scripts annotés, etc… Ces archives personnelles offrent un compte rendu détaillé de sa filmographie, et sont agencées en un scrapbook foisonnant. De nombreuses photos sont commentées par la réalisatrice, et le livre comporte également un entretien avec la journaliste Lynn Hirschberg. A la fois ludique et documenté, l’ouvrage est un excellent biais pour entrer dans son univers. Archive offre également des renseignements sur son tout dernier film, Priscilla (janvier 2024).
Francesca Woodman, The artist’s books, Mack, 2023
Francesca Woodman (1958-1981) eut une courte carrière, mais qui laissa une grande influence dans la photographie contemporaine. Elle se suicida à l’âge de vingt-deux ans en se jetant de la fenêtre de son appartement à New York. Amatrice de l’œuvre de Man Ray, Weegee ou Duane Michals, elle fut l’élève du photographe Aaron Siskind. La jeune étudiante va vite affirmer son écriture photographique : l’autoportrait, dans des mises en scène étranges où son corps semble s’effacer, disparaitre parmi (ou derrière) un décor d’appartement délabré ou autre usine désaffectée. Une exploration d’un corps fantôme, souvent nu, évoluant parmi les décombres, comme flottant dans un monde de rêves un peu effrayants. L’ouvrage propose pour la première fois in extenso ses huit livres d’artiste, y compris deux livres inédits récemment découverts dans ses archives. Elle collectionnait, quand elle habitait Rome à la fin des années 70, des revues et des carnets du XIXe et du début du XXe siècles qu’elle retravaillait en livres d’artiste. Avec ses annotations et ses inserts de photos ces reliques des puces revêtent brusquement l’apparence d’ouvrages de Francesca Woodman, petits trésors exhumés et présentés tels quels dans l’ouvrage.
Rémi Coignet, Rencontre Anne Rearick, Filigranes Éditions, 2023
Le critique photo et éditeur Rémi Coignet nous a récemment quitté. Passionné par la photographie, il a été chroniqueur pour Polka Magazine, et a participé en 2013 à la création de la revue The Eyes, dont il fut le rédacteur en chef de 2015 à 2020. Il a également produit une série d’entretiens avec de nombreux photographes comme Lewis Baltz, Daido Moriyama ou Broomberg & Chanarin dans ses ouvrages Conversations (1, 2, et 3, disponibles à la bibliothèque). Membre de plusieurs jurys (Prix Nadar, Unseen Dummy Award,…), commissaire de l’exposition « Après tout » d’Amaury da Cunha en 2012, Rémi Coignet a œuvré toute sa vie pour une meilleure (re)connaissance de la photographie.La photographe américaine Anne Rearick (née en 1960) a effectué une résidence en 2021-2022 dans la région du Perche (France), auscultant une vie paysanne au plus proche des habitants. Rémi Coignet a longuement conversé avec elle en toute confiance, permettant au lecteur d’entrer dans son univers esthétique et de décrypter son style photographique. L’entretien s’accompagne d’un portfolio en noir et blanc, production issue de cette résidence bucolique normande.
Jeune photographie
Micaiah Carter, What’s my name, Prestel, 2023
Micaiah Carter est un photographe américain né en 1996, et What’s my name est sa première monographie. Il met en scène la communauté afro-américaine dans une série de portraits à l’esthétique influencée par la photographie de mode. Travaillant pour de nombreux magazines, Micaiah Carter a eu l’occasion de faire le portrait de personnalités du show-biz, comme Pharell Williams, Quincy Jones ou l’actrice Zendaya, que l’on retrouve dans le livre. L’originalité de What’s my name est d’y avoir intégré son propre album de famille (datant des années 50 aux années 2000), photos qui parsèment l’ouvrage. Des souvenirs faisant partie intégrante de son travail artistique, et inclus dans le but « d’honorer l’héritage de sa famille« . Il reconnait également une inspiration sur son style, quasi inconsciente, de ces portraits d’oncles, de tantes et de frères qu’il adorait regarder étant jeune. L’identité afro-américaine que le jeune artiste revendique dans ses propres images s’exprime en couleur et avec douceur et empathie, faisant un pont avec l’histoire plus ancienne de ses proches. Le livre s’ouvre avec une photo de son père prise dans les années 1970 en compagnie de deux amis, posant poings fermés et sourire aux lèvres, rappelant le mouvement Black Power alors important à l’époque pour toute une communauté noire en quête de plus de droits civiques.
Barbara Marstrand, Still life of teenagers, Disko bay, 2023
Barbara Marstrand (née en 1994) est une jeune photographe autodidacte ayant étudié la sociologie à l’université de Copenhague (Danemark). Still life of teenagers est son premier livre. Elle s’attache, non sans humour, à décrire l’état d’âme adolescent à travers les images de leurs chambres, généralement en pagaille, et constituées d’un maelstrom d’objets et de vêtements empilés sur des chaises ou gisant au sol, comme abandonnés depuis des semaines. S’ajoute à cela des décorations faites de peluches en dérive sentimentale, de flacons de parfum vides ou autres posters muraux et polaroids joyeux. Une succession d’images hétéroclites, présentées de façon ininterrompue et provoquant la sensation d’un trop plein, d’une vie pas encore tout à fait ordonnée intellectuellement mais bien fournie en accessoires. Ces « natures mortes » ont été capturées par Barbara Marstrand dans plus de cinquante chambres d’adolescents danois sans leurs occupants, portraiturant une intimité par les objets que l’on peut se plaire à détailler, pour tenter de reconstruire des histoires de vie, à la manière d’un ethnologue.
Lucie Hodiesne Darras, Lilou, Fisheye éditions, 2023
L’ouvrage porte en incipit « Pour mon frère« , faisant face à la photographie d’un gamin boudeur portant une couronne de galette des rois, et de sa sœur l’enlaçant tendrement. « Lilou est le surnom que l’on a donné à mon grand frère autiste Antoine, 34 ans (…) » explique Lucie Hodiesne Darras. La jeune photographe française, née en 1995, a pendant cinq ans photographié son frère adulte dans son quotidien. Lilou ne parle pas et n’écrit pas, étant atteint d’un autisme sévère. Les images en noir et blanc racontent ainsi sa vie, dans un quotidien qui ne l’est jamais vraiment. Une façon pour l’auteure de nous sensibiliser à cette grave maladie, par une approche sensible et émouvante. Lilou se dévoile, les images laissant transparaitre à la fois l’amour qu’elle lui porte, et la souffrance de cet homme qui semble parfois complètement démuni face au monde qui l’entoure. Dans d’autres images, comme elle le souligne, « c’est lui qui donne le rythme, la cadence, comme s’il se servait de ce nouveau langage pour transmettre ce qu’il a envie de dire« . Lilou est construit à la fois par ce récit intime et la volonté de changer notre regard sur les troubles autistiques et la prise en charge délicate de ces personnes.
Actualités de l’édition
La maison d’édition lamaindonne vient de créer une nouvelle collection nommée « Poursuites et Ricochets ». Elle se donne pour ambition de faire dialoguer photographies de famille et littérature, « chaque auteur étant invité à sélectionner une douzaine de photos de famille et à écrire un texte court sur chacune de ces photographies« . L’origine du nom provient d’une phrase de Denis Roche : « Ne rêvons pas… Laissons aux photos d’être des ricochets, et aux phrases d’être des poursuites« . « Poursuites et Ricochets » va éditer trois ou quatre ouvrages chaque année. Nous vous proposons de découvrir les deux premières parutions, de Guillaume Geneste et Marie-Hélène Lafon.
Guillaume Geneste, Tout autour de la photographie, 2023
Guillaume Geneste (né à Paris en 1962) est un photographe et tireur, et a été le responsable du laboratoire Contrejour de 1990 à 1995. Dans Tout autour de la photographie il égrène le temps par des images choisies jusqu’aux années 2000, chacune racontant un épisode familial, avec une capture d’écran d’ordinateur pour la dernière. La première, datée de 1870, révèle ses ancêtres les plus éloignés.
Marie-Hélène Lafon, Une autre vie, 2023
Marie-Hélène Lafon est une professeure agrégée et écrivaine française, née en 1962 à Aurillac (Cantal). Ses romans sont publiés depuis 2001 chez Buchet/Chastel. Elle se livre au même exercice, mais en se focalisant sur une période précise vécue par son père : son service militaire au Maroc entre 1957 et 1959. Son histoire familiale se reconstitue par ces images jaunies aux bords dentelés, témoins d’une époque, « d’une autre père, un autre corps, une autre vie ».
Une nouvelle maison d’édition a vu le jour cette année : il s’agit de L’AXOLOTL, menée par Caroline Bénichou, directrice de la galerie VU’. Le nom « Axolotl » rend hommage à une nouvelle de Julio Cortazar, faisant référence à un animal étrange, de la famille des amphibiens, ayant la capacité de régénérer ses membres perdus. Cette salamandre mexicaine a également la particularité de ne jamais dépasser son stade larvaire (néoténie), tout en étant capable de procréer. L’animal fantastique possèderait donc également la jeunesse éternelle. Avec son rôle à la galerie VU’, Caroline Bénichou a toujours accompagné les photographes qu’elle représente dans leurs projets d’édition. Elle a franchit le pas cette année en créant sa propre structure, avec comme ouvrage inaugural Smoke, de Michael Ackerman. Ackerman fut le premier photographe avec qui elle a collaboré aux éditions Delpire.
Michael Ackerman, Smoke, 2023
Michael Ackerman, né en 1967 à Tel-Aviv (Israël) est un photographe américain autodidacte, membre de l’agence VU’.
Smoke fait référence au groupe américain de Cabbagetown, un quartier pauvre à l’est d’Atlanta (Géorgie) et plus particulièrement à Robert Dickerson alias Benjamin Smoke, le chanteur-compositeur et leader du groupe, mort à l’âge de 39 ans. Un personnage excentrique et charismatique que l’auteur rencontrera après l’un de ses concerts. Issu de la scène musicale underground d’Atlanta, Smoke existera de 1992 à 1999, date du décès du chanteur. L’ouvrage se compose de photographies majoritairement en noir et blanc prises par Michael Ackerman à Cabbageton en 1997-1998, ainsi que des pages de notes de Benjamin et des documents d’archives. Un livre hommage, composé comme un scrapbook, et dominé par le style photographique rapidement reconnaissable du photographe.
La bibliothèque du Chateau d’Eau a rapporté quelques nouveautés du salon Paris Photo, grand rendez-vous annuel de la photographie. Nous nous sommes également attardés aux salons de Polycopies et OffPrint, spécialisés dans la diffusion et la promotion de l’édition photographique indépendante. Voici une sélection d’ouvrages particuliers, issus de différentes maisons d’édition et faisant désormais partie du fonds de la bibliothèque :
Las Mexicanas, Editorial RM, 2023
Ce livre est l’une des toutes dernières parutions de la maison d’édition barcelonnaise Editorial RM, et propose une collection de photographies vernaculaires mexicaines datant du milieu du XIXe siècle, jusqu’aux années 1960. Ces images, minutieusement choisies par le photographe, écrivain et éditeur Pablo Ortiz Monasterio proviennent d’une collection privée, amassée en chinant dans les marchés aux puces de Mexico. Ces portraits de studios ou photos de famille représentent des femmes de tous âges ou conditions sociales, se mettant en scène dans des poses étudiées, ou s’illustrant dans des petits moments de la vie quotidienne. Des images possédant toutes le charme vintage propre à cette grande tradition de la photo amateur.
Bonne sœurs austères, petites filles en habits du dimanche devant leur miroir, bourgeoises en manteaux de fourrure ou photos coquines de beautés sud-américaines défilent devant nos yeux, offrant une radioscopie de la société mexicaine vue exclusivement à travers le regard de femmes.
Petra Stavast, S75, Roma Publications, 2023
L’artiste visuelle Petra Stavast (Hollande, 1977) nous propose ici un projet original : elle a réalisé une série de portraits en couleur avec un téléphone portable datant de 2005. Ce Siemens S75, doté d’un appareil photo d’une résolution maximale de 1280 × 960 pixels, appartient résolument à un passé obsolète et pourrait être relégué dans ce que l’on nomme « les procédés historiques » en photographie. Réalisés entre 2016 et 2022 à Amsterdam, Banff et Shanghai ces portraits grand format sur fond noir sont imprimés sur papier journal, donnant toute la spécificité de ces images pseudo vintage, sans se départir d’une acuité sociale propre à notre époque. Roma Publications est une maison d’édition et un studio de design basé à Amsterdam (Hollande), et fondée en 1998 par le graphiste Roger Willems et les artistes Mark Manders et Marc Nagtzaam.
Federico Vespignani, Por aqui todo bien, 550BC, 2022
La maison d’édition indépendante 550BC, basée à Amsterdam, a été fondée en 2018 par le Néerlando-Iranien Pouria Khojastehpay et propose des livres de photographie traitant de « la culture du crime organisé et des conflits« . Une propension à mettre en scène une anthropologie du crime, chaque parution tirée à 550 exemplaires étant rapidement épuisée… Sicarios, Favela Narco Pets ou autres selfies virils de membres de gangs en prison animent ainsi les ouvrages de la 550BC. Federico Vespignani (né en 1988) est un photographe italien et Por Aquí Todo Bien est sa première monographie. Il a suivi, de 2018 à 2021, un groupe criminel organisé au Honduras, le gang Barrio 18 (« 18 street gang »). « Les gangs représentent la principale institution dans des endroits comme Rivera Hernandez, une étendue labyrinthique à la périphérie de San Pedro Sula. Ils étiquettent les zones avec des chiffres ou des lettres, traçant des lignes imaginaires qui deviennent des frontières entre les communautés« . Il nous livre un puissant récit visuel articulé par des images crépusculaires aux tons rouges et verts, et ponctué par les réflexions fatalistes de ces jeunes membres du gang, souvent représentés une arme à la main et le visage masqué, toujours prêts à défendre leur territoire.
Autoédition – Isabelle Chapuis, Vivant, le sacre du corps, 2023
« Je perçois l’épiderme telle une texture vibrante, le corps tel un révélateur de notre rapport à l’intime et une dimension de notre identité. » Isabelle Chapuis (France, 1982) est une photographe plasticienne et thérapeutique, et lauréate du prix Picto de la photographie de mode en 2010. Vivant dévoile les corps de quinze personnes ayant des épidermes hors-normes, comme Jade, jeune métisse atteinte d’un vitiligo, Anissa, atteinte d’albinisme ou Frédéric, possédant une pilosité impressionnante, ou bien encore Adrien, jeune rouquin dont le corps gracile est constellé de taches de rousseur. Isabelle Chapuis traduit l’étrange beauté de ces corps à la fois avec pudeur et sensualité, nous transmettant leurs pulsations intimes. Ces portraits atteignent une dimension universelle et proche d’une mystique païenne en étant associés au règne animal et végétal dans des correspondances de matières, de couleurs, de texture. Comme si ces personnes allaient se métamorphoser en êtres hybrides, mythologiques. Les photographies sont accompagnées des témoignages de tous les modèles, révélant à la fois leurs parcours difficiles d’acceptation de soi, et de construction d’une identité unique, de par leurs singularités physiques parfois rejetées par les autres.
Revue Neither, « No grand narrative », volume 1, automne 2023
La nouvelle revue Neither, créée par Bharat Sikka et éditée par Sunil Shah entend promouvoir « les pratiques photographiques nouvelles et expérimentales émergeant de l’Asie du Sud et de la diaspora« . Bharat Sikka (Inde, 1973) est un photographe indien reconnu, ayant axé son travail sur son pays d’origine en perpétuelle mutation, qu’elle soit culturelle ou économique. L’une de ses dernières parutions, The Sapper, parue en 2022, est une questionnement sur sa relation avec son père (éditée chez FW books). Influencé entre autres photographes par le travail de Philip-Lorca diCorcia ou de Dayanita Singh, il collabore également avec de nombreux magazines, comme Le Monde ou le New York Times. La revue, imprimée sur papier journal, privilégie les portfolios (couleur et noir et blanc) de photographes contemporains, chacun présentés par un court texte.
180 × 240 mm, 368 pages. Mise en page : Loose Joints Studio
Au sommaire de ce volume inaugural : Millo Ankha, Olgaç Bozalp, Philippe Calia, Tenzing Dakpa, Kapil Das, Charlie Engman, Devashish Gaur, Abhishek Khedekar, Katrin Koenning, Anu Kumar, Sathish Kumar, Akshay Mahajan, Kaamna Patel, Miraj Patel et Lorenzo Vitturi.