Exposition Richard Pak « La Firme » > 24 oct. 2024 – 5 janv. 2025 – Fermetures exceptionnelles à 16h les 24 et 31 décembre.

Du mardi au dimanche de 11h à 18h au 58 allées Charles de Fitte (nouveau lieu pendant la durée des travaux).

Sanlé SORY « Bobo Yéyé »
©Sanle Sory_Les jeunes danseurs de Sikasso Sira_1972

Sanlé SORY « Bobo Yéyé »

  • Exposition
  • Lieu Galerie le Château d'Eau
  • Public
    • Tout Public

Les œuvres du photographe burkinabè Sanlé Sory dans une exposition enrichie d’une série d’images inédites en couleur.

La Galerie Le Château d’Eau accueille sur l’ensemble des galeries, les œuvres de Sanlé Sory réalisées en grande partie entre 1960 et 1983, en République de Haute-Volta, lors des premières décennies d’indépendance du pays.
Ce travail photographique témoigne du bonheur d’une liberté retrouvée et d’une effervescence sociale et culturelle unique.

Présentation de l’exposition

Reporter, illustrateur de pochettes de disques, photographe officiel mais surtout photographe de studio sensible, son objectif passe en revue de manière pertinente la fusion qui s’opère entre tradition et modernité.

Autoportrait de Sanlé Sory

Entièrement dévoué à son art et à son travail, Sanlé Sory suit sa propre règle : « Plus on aime quelque chose, plus on s’investit dans sa passion ».


Il reflète également une certaine exubérance de la jeunesse au lendemain des premières décennies des indépendances africaines.
Cette exposition présente dix tirages encore jamais présentés issus du travail couleur de l’artiste dans les années 90 et 2000. A cela s’ajoute une bande musicale originale, de pochettes vinyles d’époque et de la reconstitution du studio photo de l’artiste .
Empreinte d’élégance, la photographie de Sanlé Sory dépeint la société voltaïque avec beaucoup d’esprit, d’énergie et de passion.

Cette oeuvre photographique constitue un fonds patrimonial remarquable, fort de centaines de milliers d’images.
Découvert sur la scène internationale suite à sa rencontre en 2011 avec Florent Mazzoleni, le travail du photographe a notamment été présenté à Londres (David Hill Gallery, 2017), New York (Yossi Milo Galery, 2018), et a fait l’objet d’une rétrospective à l’Art Institute of Chicago en 2018, la première consacrée à un photographe africain dans l’un des plus prestigieux musées américains.

Portrait d'un Jeune femme burkinabée dans le studio de S.Sory
©Sanle Sory, Belledejour_1975

Contexte historique

Il ouvre son premier studio Volta Photo dans le quartier de Diaradougou au printemps 1960.

La République de Haute-Volta n’est pas encore indépendante. L’indépendance du pays le 5 août 1960 coïncide avec une effervescence et une insouciance inouïes. La Haute-Volta se développe rapidement au niveau économique et sociétal. Tout semble alors possible, dans de nombreux domaines.
A la fin de la décennie, sous la présidence paternaliste du Général Lamizana, les espoirs de développement collectif s’effondrent. L’individualisme gagne peu à peu la société voltaïque alors que la corruption et le népotisme fragilisent les relations sociales. « Dans ce contexte délicat, Sanlé Sory saisit pourtant l’insouciance de toute une époque, celle des années 1960 et 1970, où toute une génération semble se destiner à une vie meilleure  » F. Mazzoleni
La Haute-Volta devient le Burkina Faso sous la présidence de Thomas Sankara en 1984. Sory Sanlé garde son nom en référence aux trois volta, blanche, rouge et noire qui irriguent le pays.

Trois personnes dont deux hommes torse nu  posent dans le studio photo avec toile de fond peinte
©Sanlé Sory, Les trois Dafin-1977

Les portraits au studio Volta photo

Le studio de Sory Sanlé est une institution populaire de la ville. Il y réalise des photographies d’identité et des portraits créatifs accessoirisés qui reflètent les aspirations de la jeunesse.


Le studio de Sory est petit mais rempli d’accessoires : téléphone, costumes, valise, journaux, tissus graphiques…Plusieurs fonds peints (œuvres de peintres itinérants ivoiriens ou ghanéens) sont disponibles selon l’envie du client.
Des fonds unis sont réservés au portrait d’identité. Chacun peut se faire tirer le portrait pour 100 francs, un tarif voulu accessible par le photographe. Femmes et hommes, commerçants, sportifs, simples passants, maliens ou peuls, sénégalais défilent dans son studio en habits traditionnels ou revêtant le dernier imprimé à la mode. Sory Sanlé pratique aussi l’autoportrait à partir de 1966. En dehors du Studio, Sanlé Sory sillonne la brousse sur des centaines de kilomètres tous les week-ends, à moto ou en 2 CV pour photographier les zones rurales notamment la Vallée du Kou, en direction du Mali.

photographie de S.Sory montrant deux couples dansant le blues
©Sanle Sory,Deux couples dansant le blues_1979

Démarche photographique

Sory Sanlé s’inscrit dans une pratique populaire du portrait de l’Afrique de l’Ouest et dans le reportage. Il se singularise dans ses photographies de nuit, un jeu assumé avec les modèles, un rapport libre au corps. Sory Sanlé a appris la photographie comme apprenti avec le photographe ghanéen Kodjo Ademako. Il revendique cette approche africaine, libre de toute interférence avec le passé colonial. Il a d’abord travaillé à la chambre (une caisse en bois) et a ensuite utilisé un Rolleiflex 6×6. Puis il utilise des Yashica. Depuis 1985, il travaille avec des appareils 24×36 Nikon et Pentax.
Dans son studio, Sory Sanlé pratique trois grands types de photographies : le portrait d’identité qui lui permet de vivre, le buste et la « photo souvenir ». C’est cette dernière qui l’intéresse car contrairement à la première où il faut « couper la tête », les portraits créatifs lui permettent toutes les fantaisies.
Il développe la photographie en extérieur, en pied dans la vie quotidienne et les soirées, au-delà des portraits trop posés (en buste) ou debout pour photographier un habit de cérémonie ou un costume.

Biographie de l’artiste

Ibrahima Sanlé Sory est né au Burkina Faso en 1943. Photographe et propriétaire du studio Volta Photo, il vit et travaille à Bobo-Dioulasso, la deuxième grande ville du pays.

Sanlé Sory débute sa carrière photographique en 1960, année où son pays obtient son indépendance de la France sous le nom de République de Haute-Volta. Pendant deux ans, il travaille comme apprenti auprès du photographe ghanéen Kojo Adomako et apprend à travailler avec une chambre photographique, avant de traiter et d’imprimer ses propres photos. Comme de nombreux photographes africains de sa génération, il choisit le format 6×6.

  • Au printemps 1960, avec l’aide de son cousin Idrissa Koné, fondateur de l’orchestre Volta Jazz, il ouvre son propre studio, Volta Photo, qui deviendra vite l’un des épicentres culturels de la ville.
  • Par ailleurs, il sillonne la région et illustre les bals poussières et autres soirées dansantes qui s’organisent un peu partout.
  • Passé à la couleur et au format 24×36 dans les années 1980, Sanlé Sory poursuit inlassablement son travail de photographe.
  • Encore aujourd’hui, il parcourt le grand marché de Bobo-Dioulasso avec ses appareils numériques à la recherche de modèles.
  • Sa rencontre en 2011 avec Florent Mazzoleni est déterminante pour la redécouverte de son travail sur la scène internationale. Aujourd’hui représenté par les galeries Yossi Milo à New York et David Hill à Londres, A. Galerie à Paris et Galerie Wouter van Leewen à Amsterdam.
  • Son travail a notamment fait l’objet d’une grande rétrospective à l’Art Institute of Chicago en 2018.