Exposition Richard Pak « La Firme » > 24 oct. 2024 – 5 janv. 2025
Du mardi au dimanche de 11h à 18h au 58 allées Charles de Fitte (nouveau lieu pendant la durée des travaux).
Mai 2023 à la bibliothèque
Modifié le :
1 mois 1 thème : France Photobook
France PhotoBook est une association créée en 2019. Son objectif est de « faire reconnaître le livre de photographie comme un champ éditorial à part entière ». L’association entend également « promouvoir l’édition de création photographique en France et à l’étranger« . Soutenue par le ministère de la Culture, France PhotoBook a depuis cette date déployé un vaste réseau et fédère à ce jour trente éditeurs indépendants, répartis sur tout le territoire. Elle est ouverte à tout éditeur de livres de photographie dont le siège social est situé en France, ayant trois ans d’existence et produisant au moins trois titres par an. Les trois dernières maisons ayant intégré l’aventure en 2023 sont IIKKI books, Rue du bouquet et La Maison de Z. Tous ces éditeurs indépendants s’engagent également à s’investir dans l’association et les différents groupes de travail déployés.
Cette défense et promotion de la singularité du livre photo passe par un volet formation des libraires et des bibliothécaires avec des éditeurs-enseignants, ainsi qu’un travail avec les IUT et des interventions à l’École de la Librairie, « principal organisme de formation à destination des libraires« . France PhotoBook a également intégré en mars 2023 le réseau Fontaine O Livres, association qui « accompagne le développement et la promotion des acteurs indépendants de l’édition », par le biais de services et de formations.
La présence efficiente dans les foires, festivals et autres manifestations autour du livre photo est également un axe important de ses activités. Sur l’invitation des Rencontres d’Arles 2023, France PhotoBook organise pour la seconde année consécutive « Arles Books Fair », à l’École Nationale Supérieure de la Photographie et au Collège Saint-Charles du 4 au 8 juillet 2023. Au programme : des rencontres avec les photographes, les autrices et auteurs. L’événement rassemble une cinquantaine de maisons d’édition internationales résumant la richesse et la diversité des propositions éditoriales. France PhotoBook tient également un stand au festival Images Singulières à Sète et poursuit sa politique de présence sur les foires internationales, comme à Unseen Amsterdam (Hollande).
Une revue semestrielle, destinée aux libraires et aux bibliothécaires, a vu le jour en 2022, La Revue. Elle permet de se tenir au courant de l’actualité éditoriale, avec une sélection des libraires partenaires, mais aussi d’entrer dans les coulisses d’un métier. Le numéro 1 s’intéresse à celui de tireur, avec un focus sur le laboratoire photo La Chambre Noire à Paris. Au menu également des entretiens réalisés avec des professionnels et professionnelles du milieu de l’édition photo. L’association a également le projet de lancer le « Prix des Libraires » : vingt et un libraires recevront la sélection de chacun des vingt-neuf éditeurs, et désigneront un lauréat.
La revue en version papier est consultable à la bibliothèque ! Retrouvez France Photobook à Arles du du 4 au 8 juillet 2023 !
France PhotoBook et le programme PULP (Plan d’Urgence pour le Livre de Photographie)
Initié en 2021 par le Ministère de la Culture, le programme PULP a été conçu pour soutenir les éditeurs de livres de photographie : « Eu égard à la crise sanitaire, les éditeurs de livres de photographie ont bénéficié d’une aide exceptionnelle […]. quatre-vingt dix lieux bénéficiaires de l’opération en 2021 (quinze FRAC, vingt-quatre centres d’art et cinquante et une écoles supérieures d’art) ont reçu une sélection d’ouvrages des éditeurs et cent lieux en 2022« . Le second volet de PULP prévoit d’organiser des rencontres avec les éditeurs, des ateliers autour des spécificités du livre de photographie et de sa fabrication, dans les lieux partenaires de l’opération.
En savoir plus sur le programme PULP : Extrait du rapport sur les treize mesures pour le secteur de la photographie du Ministère de la Culture.
Un grand merci à Anna-Karine Robin, coordinatrice de France PhotoBook, qui nous a parlé avec enthousiasme de cette structure dynamique.
La bibliothèque du Château d’Eau a bénéficié de ce programme. Voici une sélection de quelques ouvrages faisant partie du don du Ministère de la Culture.
Grandes expositions
Raymond Depardon, Kamel Daoud, Son œil dans ma main, Éditions Images Plurielles, 2022
Son œil dans ma main offre un regard sur les villes d’Alger et d’Oran en 1961, puis en 2019. 1961 est l’année où Raymond Depardon, alors âgé de dix-neuf ans, est envoyé en reportage par l’agence Delmas pour couvrir les derniers temps de la guerre d’Algérie. Des photos d’un noir et blanc gracieux qui rendent compte de la vie quotidienne de la population, instantanés de vie dans les rues, soumis à des tensions permanentes. Puis il va immortaliser les accords d’Evian (du 20 mai au 13 juin 1961), négociations entre la France et les représentants du Front de Libération Nationale (FLN), qui mettront fin à la guerre d’Algérie.
En 2019 il retourne à Alger, qu’il photographie toujours en noir et blanc, et se rend également cinq jours à Oran, où il retrouve l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud. L’ouvrage met en résonance les deux périodes, scandées par la prose de l’écrivain, ce dernier évitant la contextualisation des images pour les transporter dans un univers plus universel. L’ouvrage est donc à la fois un témoignage d’une époque toujours délicate à évoquer pour les deux pays concernés, et en même temps une ode poétique à l’Algérie et à ses habitants, d’un passé conflictuel à un présent complexe. Le livre est issu de l’exposition éponyme qui s’est déroulée à l’Institut du monde arabe, à Paris en 2022.
Regard sur la collection « Women in motion » du magazine Fisheye
Fisheye est un magazine bimestriel français consacré à l’actualité de la photographie, et fondé en juillet 2013 par Benoît Baume. En parallèle ce dernier a créé Fisheye Éditions, une maison d’édition spécialisée dans la publication de livres de photographie contemporaine. L’éditeur a également ouvert en octobre 2016 la Fisheye Gallery, située dans le Xe arrondissement de Paris, toujours dans le but de promouvoir les nouvelles écritures contemporaines photographiques.
La collection Women in motion fait partie de hors-série Fisheye, et est dédiée aux femmes photographes récompensées par le prix Kering « Women In Motion ».
Chaque monographie se compose d’un entretien, d’une biographie et d’un portfolio de quatre-vingt pages dédiés à l’artiste sélectionnée. Ce prix se définit comme « une tribune de choix pour contribuer à changer les mentalités et à réfléchir à la place des femmes et à la reconnaissance qui leur est accordée dans tous les domaines artistiques« .
- N° 1 : Liz Johnson Artur, juillet 2021
- N°2 : Babette Mangolte, juillet 2022
- N° 3 : Sabine Weiss, novembre 2022
- N°4 : Susan Meiselas, mars 2023
Pour plus d’informations vous pouvez écouter le podcast du même nom, où vous trouverez des entretiens réalisés avec Susan Meiselas, Liz Johnson Artur, Babette Mangotte et Sabine Weiss. L’exposition « 10/10 Celebrating Contemporary Japanese Women Photographers » à Kyoto célébrait en 2022 dix photographes japonaises, et avait fait l’objet d’une publication spéciale de la revue, également incluse dans le programme « Women in Motion ».
Classiques à voir ou à revoir
Carole Bellaïche, 25 boulevard Beaumarchais, Revelatœr, 2021
Carole Bellaïche, (1964, France), a vécu son enfance et adolescence au 5, boulevard Beaumarchais à Paris. Un vaste appartement haut de plafond, tout en velours profond et mobilier d’antiquaire. C’est là qu’elle débute à quatorze ans sa carrière de photographe, en castant ses modèles sur les bancs du lycée, ou aux terrasses des cafés parisiens. Des amis de la famille défilent également, et la toute jeune artiste va prendre en photo Juliette Binoche, Julie Delpy, Gabrielle Lazure, Hyppolite Girardot, Dominique Issermann, Jacques Bonnaffé, etc. et autres jeunes mannequins. Certaines, comme Emmanuelle Béart, sont à peine plus âgées qu’elle. Elle travaillera plus tard comme photographe pour Les Cahiers du Cinéma. Au printemps 1990, avant de quitter définitivement le 5, boulevard Beaumarchais Carole Bellaïche va photographier l’appartement, en souvenir. Le livre résume tout autant le lieu que les clichés qu’elle a réalisés en noir et blanc. Des détails de moulures, de lustres à pampilles, de pièces joyeusement encombrées rythment ces portraits empreints de douceur, où l’on perçoit toute la complicité instaurée entre le modèle et la photographe. Des témoignages nostalgiques des personnes ayant fréquenté son domicile accompagnent les images, et décrivent ces temps suspendus passés en compagnie de la jeune artiste.
Claude Nori, Jeanloup Sieff, Fais-moi un signe, Contrejour, 2022
Claude Nori (né en 1949 à Toulouse) fut l’ami et le principal éditeur de Jeanloup Sieff (1933-2000) aux éditions Contrejour, qu’il créa en 1975. Le livre raconte l’amitié entre les deux hommes, tout en revisitant sa vie et son œuvre, essentiellement composée de photographies en noir et blanc. Éclectique et populaire, Sieff officia dans le domaine de la mode (pour les magazines Vogue, Harper’s Baazar,etc.), du nu, de la publicité, du paysage (comme ceux de la vallée de la mort dans le Nevada en 1977), et du portrait (comme celui, iconique, d’Yves Saint Laurent nu, réalisé en 1971). Cet essai est agrémenté d’anecdotes et de souvenirs commun aux deux artistes, ravivés par une trentaine de photos personnelles et inédites de Claude Nori, et complétant un portfolio résumant l’œuvre de son ami.
Penser la photographie
Caroline Schirman, L’artiste et son marché, Filigranes Éditions, 2017
L’ouvrage de Caroline Schirman s’adresse directement aux artistes, plasticiens ou photographes, et « permet de se définir au sein du marché de l’art, de savoir protéger ses créations, de comprendre les relations avec ses premiers représentants (galeries, curators, agents) et les acteurs successifs du marché« . Cette juriste de formation, et spécialiste en droit de la propriété intellectuelle offre des fiches techniques abordant toutes les facettes du droit, de l’économie et de la gestion relatives au métier d’artiste. C’est à dire comment constituer un statut d' »artiste-entrepreneur », protéger ses œuvres, ou bien les promouvoir auprès de galeries, etc. Simple et concret, il s’accompagne également des textes de loi ou autres références légales, pour pouvoir maitriser du bout des doigt cette jungle administrative souvent rébarbative mais inévitable.
Objets éditoriaux inattendus et autres chroniques martiennes
Sacha Goldberger, Alien Love, Éditions Revelatœr, 2022
Sacha Goldberger, né en 1968, est un photographe et auteur français.
Si vous êtes fan de la série télévisée X-files, ce livre est pour vous. L’auteur déroule toute l’iconographie propre à une invasion alien sur terre, période Roswell. La première partie, nommée comme l’affiche « I want to believe« , est constituée de vingt-trois photographies argentiques en noir et blanc mettant en scène dans des situations absurdes un extraterrestre sur une planète désertique : avec une planche de surf sous le bras, arrosant une unique fleur, ou bien encore en duel au pistolet laser avec un comparse… La seconde, intitulée « Extra not so terrestre », raconte l’invasion d’un motel en Californie par des aliens à bord de vaisseaux en forme de passoires de cuisine. Découpée comme un film, avec héroïnes glamour et flics en uniforme, cette série a demandé des moyens logistiques et techniques impressionnants : une équipe de trente-cinq personnes, trois ans de travail, sept mannequins, cinq voitures de collection, vingt-six costumes.). L’humour, toujours présent, désamorce les situations, tout en gardant un esprit B movie, où violence et érotisme se fondent dans un soap opéra aux couleurs ocres. Le site de l’artiste permet de voir des photos du shooting.
Cyrus Cornut, Chongqing, Atelier EXB, 2021
Le portrait d’une ville immense, tentaculaire, de trente-quatre millions d’habitants : Chongqing, surnommée la « ville montagne« . Chongqing est située au confluent du fleuve Yangzi Jiang et de la rivière Jialing, dans le sud-ouest de la Chine. Cyrus Cornut (1977, France) a saisi dans ses photographies toute la démesure de cette mégapole, où les habitants ressemblent à des fourmis circulant dans un univers de béton. Forêts de gratte-ciels, échangeurs géants d’autoroutes et autres ponts surdimensionnés côtoient les décombres d’anciens quartiers voués à la démolition, pour faire place à encore plus de tours. Quelques parcelles de cultures vivrières subsistent, exploitées par les plus pauvres, symboles d’un monde voué à la disparition. Le brouillard quasi constant (dû à la pollution), flottant sur la ville, apporte une dimension fantomatique à ces images déjà impressionnantes. Cyrus Cornut a reçu en 2021 le 26ᵉ prix HSBC pour la photographie pour Chongquing.
Anaïs Boudot, Les oubliées, The Eyes Publishing, 2021
Dans cette série, la photographe Anaïs Boudot (1984, France) a puisé dans sa collection de portraits féminins anonymes sur plaque de verre. Datant des années 1920/40, elle est intervenue directement sur le support pour les retravailler. Son travail précieux et délicat s’inspire des expérimentations sur plaques de verre des surréalistes Picasso et Brassaï. Une « intervention sur gélatine » qui magnifient des visages de femmes en les rehaussant de peinture à l’or. L’artiste veut également par ce geste artistique féministe redonner vie aux « oubliées », soient les muses, modèles et compagnes d’artistes reconnus, et occultées par l’histoire de l’art. Des silhouettes imprimées sur papier or dans l’ouvrage, intercalées par des œuvres de Brassaï et Picasso, ce dernier ayant symbolisé à ses yeux une misogynie envers ses modèles féminins, qui étaient pour la plupart des artistes talentueuses.
Magali Lambert, Venus du jamais mort, Hartpon, 2018
Artiste pluridisciplinaire française (née en 1982), Magali Lambert livre dans cet ouvrage un assemblage de sept séries réalisées entre 2011 et 2018. Transcendant l’écriture, le dessin, la sculpture et la photographie, cet ouvrage nous propose un conte onirique et étrange. Les photographies redonnent vie et récit à des natures mortes d’animaux ou d’étranges collections « d’objets régurgités soustraits à la voie publique ». Mêlant humour et esthétique picturale, les photographies nous invitent dans un univers intimiste, tantôt curieux tantôt inquiétant. Photographies de Magali Lambert, textes de Magali Lambert et Michel Poivert (co-fiction) et d’Emmanuelle Lambert (forme littéraire courte).
Édition Jeunesse
Rémi Noël, Qui a vu… ?
Rémi Noël a débuté sa carrière professionnelle dans le milieu publicitaire en tant que rédacteur puis s’est orienté progressivement vers la photographie, avec comme point de mire une fascination pour l’Ouest américain. Adepte d’une photographie mise en scène et en argentique, il fonde en 2013 « Poetry Wanted », une maison d’édition spécialisée en photographie. Deux collections sont créées : « This is not a map », publications sous forme de fausses cartes routières sans plan, illustrées par son travail mais également par celui d’autres photographes comme Ronan Guillou, Jean-Christophe Béchet, Cédric Delsaux, Bernard Plossu, etc…
Présent à la bibliothèque : Rémi Noël, 62 : Texas, 2013
La seconde collection, destinée à la jeunesse, s’appelle « Qui a vu ? », et se compose d’albums cartonnés illustrés par des diapositives des années 50, 60 et70 d’anonymes achetées sur des sites de vente en ligne. Une imagerie vernaculaire vintage que l’artiste se réapproprie pour construire des albums jeu de cache-cache : les enfants doivent débusquer dans chaque image un chapeau, une carotte ou un dinosaure, ou jouer au jeu des sept erreurs. Une manière ludique et décalée de s’initier à la lecture d’une image pour les plus jeunes.
- Rémi Noël, Qui a vu un chapeau ?, 2017
- Rémi Noël, Qui a vu un dinosaure ?, 2018
- Rémi Noël, Qui a vu la différence ?, 2018
A lire : Une interview de Rémi Noël sur le blog de Fabien Ribery.
L’ensemble des maisons d’éditions, membres du réseau PhotoBook, sont à découvrir à la bibliothèque :