Exposition Richard Pak « La Firme » > 24 oct. 2024 – 5 janv. 2025
Du mardi au dimanche de 11h à 18h au 58 allées Charles de Fitte.
Ricochets artistiques entre corps, sculpture et photographie.
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A l’occasion de l’exposition de la sculptrice Sandrine Verdier au Centre Culturel Saint-Cyprien (Toulouse), la bibliothèque du Château d’Eau partage une sélection de livres sur le thème du corps-sculpture et de la photographie. Cette initiative annuelle baptisée « Ricochets artistiques » est un projet commun avec le Centre Culturel et les bibliothécaires jeunesse de la Médiathèque Saint-Cyprien. Parce que rencontrer l’œuvre d’une artiste soulève en chacune et chacun des questionnements et des émotions, un imaginaire visuel… la bibliothèque a fait résonner dans ses collections les thématiques de l’artiste.
A propos de l’artiste Sandrine Verdier
La sculpture de Sandrine Verdier fixe la vie dans la fugacité du mouvement. Elle se nourrit de l’histoire singulière des corps saisie dans l’instant. Sa plastique brute suggère le mouvement, sans l’enfermer dans une attitude définitive. Elle propose une voie, suscite des sentiments, mais n’impose pas de récit. Libérées des canons de l’esthétique formelle, la tension d’un muscle ou la saillance d’un os, dévoilent la confidence des corps dans une liberté charnelle jaillie de la matière, comme autant de récits secrets cristallisés par le temps dans la lumière et l’espace. (Centre Culturel Saint-Cyprien)
Exposition « Dans l’instant » du 15 novembre au 14 janvier 2023, Centre Culturel Saint Cyprien, Toulouse
Ricochets artistiques : « Regards croisés autour des sculptures de Sandrine Verdier », présentation d’une sélection d’albums de photographes et d’illustrateurs par les bibliothécaires de la Médiathèque Saint-Cyprien et de la Galerie Le Château d’Eau, vendredi 25 novembre à 18h30
de chair et de pierre
Emmanuelle Bousquet, Sous une pierre aimante, Éditions Filigranes, 2015
Emmanuelle Bousquet est née à Nîmes en 1979, vit et travaille à Paris. Elle a commencé la photographie à l’âge de 10 ans après un cadeau de sa grand-mère maternelle, « un petit kodak rouge« , qui a été le déclencheur de son expérimentation. Influencée par son environnement au sein d’une famille de créateurs de mode, elle s’attache dans son travail à représenter de façon personnelle la féminité. « Dans cette série « Statue » j’ai choisi l’autoportrait pour me situer au plus près de mes émotions, pour décrire un être solitaire qui se scinde en deux parts, l’une que la société a rendue froide et insensible, l’autre qui se bat et qui résiste encore pour conserver son humanité, sa chaleur. Une dualité, mi-statue, mi-humain. » Cet ouvrage rassemble 15 diptyques réalisés en Polaroid, chacun étant constitué d’un autoportrait et d’une statue. Ce va-et-vient entre « l’image pierre » et « l’image corps » crée une ambiguïté de ce qui est corps et de ce qui est pierre. Ces images nous conduisent sur ce triple rapport entre le corps (l’autoportrait), la sculpture et la peinture en lien avec la matière du Polaroid. A la fois femme de pierre et femme de chair, l’auteure se met en scène devant l’objectif, jouant ici sous forme de réplique entre son propre corps et le statuaire.
L’ouvrage est accompagné de textes d’Annabelle Gugnon, psychanalyste et critique d’art.
Bruno Cattani, L’Arte del Luoghi, 1997
Bruno Cattani est un photographe italien et un photojournaliste né en 1964. Amateur du sculpteur français Auguste Rodin,il a visité les musées italiens de Reggio Emilia, et a également photographié dans les musées parisien comme celui d’Orsay, fasciné par la statuaire présente dans ces lieux de culture. L’Arte del Luoghi « saisit l’ensemble indissoluble formé par l’objet d’art et le regard du visiteur qui le représente. Il redessine la statue dans son espace où elle est exposée et où nous la regardons avec des lumières fantomatiques » (Robert Pujade). L’ouvrage offre des images en noir et blanc à la lisière de l’irréalité, où statues et fragments de visiteurs se mêlent, les statues ayant parfois l’air plus vivantes que ceux qui les regardent. L’auteur s’amuse ainsi à brouiller les frontières entre le vivant et la pierre.
Le NU : Sculpter le corps avec la lumière
Carla Van de Puttelaar, Brush by light, Éditions MNHA, 2020
«La sculpturalité de mes sujets est une réalité constante. Renforcée par quelques détails, cette approche sert avant tout à mettre en avant la sensibilité et l’émotion.» Carla Van de Puttelaar, née en 1967, vit et travaille à Amsterdam. Elle effectue un travail sur le nu féminin inspiré de la peinture, et plus particulièrement des maîtres hollandais du XVIIe siècle. Le catalogue de l’exposition « Brushed by light » s’inspire des nus de Rembrandt ou des Vénus de Cranach, ainsi que du mythe grec de Galatée (l’histoire du sculpteur Pygmalion qui tombe amoureux de sa création, Galatée, une statue rendue vivante par la déesse Aphrodite). La photographe, qui débuta par une activité de peintre, effectue un travail à fleur de peau, composé de modèles flottants dans l’espace, entre le jour et la nuit. Ses nus féminins sont sublimés par des peaux diaphanes et marquées, et ce clair-obscur qui les entoure. Ces vénus contemporaines sont accompagnées de natures mortes de fleurs, capturées dans une phase où elles commencent à décliner. Une mise en scène très étudiée, où poses, textiles et objets utilisés sont choisis avec un soin extrême.
Mona Kuhn, Native, Steidl, 2009
Mona Kuhn est une photographe contemporaine née au Brésil en 1969, et d’origine allemande. « Je suis plus à l’aise pour représenter le nu comme étant minimal et intemporel. J’aime chérir le corps comme source d’inspiration, comme plateforme pour les métaphores, pour l’intimité et les complexités de la nature humaine. C’est ma façon d’enquêter sur les questions les plus profondes de la vie« . Mona Kuhn s’intéresse à la représentation de nus masculins et féminins fixés dans un naturel et une douce intimité. La photographe est connue pour installer une confiance et un respect mutuel avec ses modèles, pour les mettre le plus à l’aise possible. L’utilisation de lumière naturelle et de décors minimalistes renforce cette sensualité qui « habille les gens dans leur propre pea« . Native alterne ainsi avec une grande douceur renforcée parfois par un léger flou ces nus paisibles et des images en plan serré d’une nature sauvage.
Pierre Radisic, Corps célestes, Claude J. Deby Éditeur, 2005
Pierre Radisic est un photographe belge né en 1958 à La Hestre (Belgique).
Corps célestes (1994-1996) offre des constellations étoilées sur des corps féminins, formées à partir des grains de beauté ou autres plis de la peau de ses modèles. Présentés sous la forme de diptyques positif/négatif, ces nus sont parcellaires et sculpturaux, et contiennent ces constellations reliées par des points qui existent réellement dans le ciel. « Lorsqu’en négatif, le corps disparaît pour faire apparaître la constellation, le spectateur peut voir, aussi concrètement qu’il est possible de voir, ce qui était là et pourtant non visible. Le négatif opère comme une radiographie : il révèle. En l’occurrence, la constellation n’est autre qu’un ensemble de traits d’union faisant figures« .
Irving Penn, Le bain, Dancer’s worshop of San Francisco, M.E.P., 1997
Le célèbre photographe de mode Irving Penn (1917-2009) s’est également intéressé aux corps des danseurs, et va en 1967 photographier le San Francisco Dancers Workshop d’Anna Halprin. Conçu comme un hommage aux baigneuses de Cézanne, Le Bain se construit par 14 images en noir et blanc de danseurs et danseuses, et célèbre le corps en action. Irving Penn rend également hommage à la chorégraphe qui innova dans la danse contemporaine en introduisant une forme d’improvisation, et en incluant des gestes du quotidien dans la gestuelle conventionnelle alors en vogue dans la danse.
le corps RecomposÉ
Marta Zgierska & Mateusz Sarello, Garden, Blow up Press, 2022
Ce livre d’artiste grand format se découpe en deux parties : la première représentant des bouquets étranges sur fond monochrome blanc, chimères mêlant morceaux de corps (doigts, mains, cheveux, …) et de végétal, et la seconde, faite de vases en cristal représentés sur fond noir, réceptacles vides comme destinés à accueillir ces fleurs surréalistes. Marta Zgierska (née en 1987 à Lublin en Pologne) est une jeune photographe primée (prix HSBC pour la photographie 2016) qui s’intéresse aux problématiques liées au corps et à la beauté, la mise en scène de soi. Ici, ce sont les photographies de Mateusz Sarełło qui sont agrémentées par les bouts de corps de Marta Zgierska, cette dernière « redonnant vie aux plantes mortes grâce à un corps vivant et présent« . C’est aussi l’histoire de la mise en scène d’une relation amoureuse « morbide » vécue par le photographe, textes intimes à l’appui.
Fran Herbello, Mal de Corpo, Centro de Estudios Fotograficos, 2004
Fran Herbello est un sculpteur, photographe et créateur né en Suisse en 1977. Il vit et travaille en Suisse. Fran Herbello a d’abord utilisé la photographie comme outil pour documenter son travail de sculpteur, puis a approfondi un véritable dialogue entre les deux disciplines. Il manipule des parties du corps humain en créant une mise en scène, introduisant de petits changements éphémères. Herbello réussit non seulement à transformer la signification corporelle, mais surtout à remettre en question sa fonction. Les mains, les pieds et les jambes sont peints et modelés, jusqu’à ce qu’ils perdent leur connotation, devenant des objets originaux d’un langage qui danse, entre la force provocatrice de la répulsion et la grâce de l’humour. Des images en noir et blanc, sur fond noir, strictement en pellicule et sans aucune aide numérique. Une recherche scénique intéressante qui utilise l’inventivité pour brouiller la frontière ténue entre réel et surréel, suggérant de nouveaux scénarios possibles à notre perception.
Justine Kurland, Scumb manifesto, Mack Book, 2022
Inspiré par le SCUM Manifesto (Society for Cutting Up Men, 1967) de l’intellectuelle féministe Valerie Solanas, ce livre offre une collection de collages hétéroclites que Justine Kurland a réalisée en recyclant des œuvres puisées dans sa propre bibliothèque, et uniquement faites par des artistes masculins. Face à l’extrême radicalité de son ainée (qui alla jusqu’à tenter d’assassiner Andy Warhol) Justine Kurland offre une réponse plus ludique à cette domination masculine dans le domaine de l’art, et plus généralement au patriarcat dans nos sociétés contemporaines. Ses collages inventifs sont là pour réévaluer l’Histoire de l’art en fonction de ses propres codes, et dénoncer un système de pensée dominant par son talent d’artiste plasticienne.
Un grand merci à Sandrine Verdier de s’être prêtée à cet mise en dialogue. Vous pouvez retrouver la sélection de la médiathèque Saint Cyprien auprès des bibliothécaires jeunesse : conte, albums d’illustration, livre d’artiste pour enfants.