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L’été à la bibliothèque

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La bibliothèque vous accueille tout le mois de juillet (fermeture en août). Découvrez une sélection estivale de livres photos !

De Sarcelles à Kaboul, en passant par le Mexique 

Couverture du livre La Cité

Camilo Leon-Quijano, La cité, une anthropologie photographique, Éditions EHESS, 2023

Photographe et chercheur en anthropologie visuelle, Camilo Leon-Quijano dresse ici un portrait de la ville de Sarcelles, symbole de la cité-dortoir de la banlieue parisienne. Une enquête procédant d’un travail en sciences sociales utilisant les photographies comme « des objets qui ont toute leur place dans le dispositif argumentatif« . L’expérience est complétée par des QR codes parsemés dans le livre, qui renvoient à des extraits sonores et filmiques. Une description sensorielle et phénoménologique racontant Sarcelles, issue de son « immersion photo-ethnographique« . Le chercheur documente ainsi le quotidien des habitants à travers des témoignages, raconte l’histoire de cette cité de béton symbole d’une utopie urbanistique ratée, analyse sociologiquement les espaces constitués. De cette étude particulière ressort au final la diversité et la richesse du Grand Ensemble, hâtivement résumé à son qualificatif de cité-dortoir. Une interview de l’auteur au sujet de son enquête, réalisée par l’EHESS (École des Hautes Etudes en Sciences Sociales). 

Couverture du livre Des roses sous les épines

Oriane Zérah, AfghanistanDes roses sous les épines, Images plurielles, 2023 

Oriane Zérah est l’une des rares photographes occidentales à vivre à Kaboul (Afghanistan). Son ouvrage rend hommage à la nature, par cette célébration des fleurs dans un pays dominé par la violence et la guerre qui sévit depuis plus de quarante ans. Associée à une symbolique féminine en Occident, de par sa fragilité et sa beauté, la fleur possède en Afghanistan une autre signification, dont les hommes, guerriers en puissance, se sont accaparés. Ainsi, soldats, fleuristes, jardiniers n’ont pas hésité à poser devant son objectif, fleurs à la main ou accrochées à leurs coiffes ou à leurs fusils, chez eux ou dans la rue. Au-delà de cette célébration des roses, coquelicots ou autres crocus et fleurs d’oranger (naturelles ou en plastique), l’auteure aborde également le versant noir de cet amour floral, à savoir la culture du pavot, de l’opium à l’héroïne, qui représentait en 2020 80 % de la production mondiale, soit 650 tonnes.  

Couverture du livre Hecho en barrio

Jean-Felix Fayolle, Hecho en barrio, Revelatoer Éditions, 2023  

Hecho en barrio résume le travail photographique de l’auteur, commencé en 2007, sur la jeunesse des quartiers populaires au Mexique, dans la ville de San Luis Potosí. Située au nord du pays, cette agglomération compte près de deux millions d’habitants. Jean-Felix Fayolle (1983, France) a réussi à se faire accepter par différentes bandes de jeunes, comme les « Tropilocos » du barrio XXI du centre-ville, ou les bandes de Pavón en périphérie. Une proximité évidente au regard de ses images, qui décrivent un quotidien gangréné par la violence, liée au narcotrafic, et qui n’a cessé de croitre depuis les années 2010. Mais l’auteur ne s’attache pas uniquement à montrer des membres de gangs tatoués, ou des cercueils de jeunes hommes entourés d’une famille en pleurs. Il documente également la « fête des 15 ans », symbole pour les jeunes femmes du passage de l’enfance à l’âge adulte, ou les différentes fêtes religieuses, célébrations populaires importantes pour les mexicains : grand pèlerinage de la Vierge de San Juan de los Lagos, de la Vierge de Guadalupe, de la Santa Muerte, etc…. Une plongée au plus près de cette jeunesse vivant souvent sur le fil du rasoir. 

Nouvelle revue en abonnement ! 

Couverture de la revue Hotshoe

Hotshoe

Il s’agit d’une revue anglaise créée initialement en 1997, qui traitait de l’actualité du marché de la photographie. Elle est dirigée depuis 2003 par Melissa DeWitt, qui en a fait une revue thématique dédiée à la photographie contemporaine, et présentée sous forme de portfolios. Cette revue indépendante au design sobre et élégant, sans publicité, favorise ainsi l’image, chaque série étant simplement accompagnée d’une interview du photographe sélectionné. Melissa DeWitt cite Diane Arbus, Garry Winogrand ou Lee Friedlander comme quelques-uns de ses photographes préférés. Le nom de la revue, « hotshoe », désigne l’endroit où le flash est inséré dans le boîtier de l’appareil photo.
Revue en langue anglaise, (230X165mm), 192p., en vente par abonnement (deux numéros par an). 
A consulter à la bibliothèque : le numéro 109, consacré au thème « Emotional Landscape ». 

Au sommaire : Trent Parke, Stephen Gill, Mimi Plumb, P. Guilmoth, Jem Southam, Yana Wernicke, Rinko Kawauchi, Takashi Homma, Masahisa Fukase, Jack Davison, Robbie Lawrence, Michael Lundgren et Gregory Crewdson. 

Classiques à voir ou à revoir

Couverture du livre sur Jerry Uelsmann

Moa Petersén, Eight day wonder, Jerry Uelsmann, Kehrer, 2023 

C’est la première biographie du photographe américain Jerry N. Uelsmann (1934-2022), écrite par l’historien suédois de la photographie Moa Petersén. Uelsmann est une figure marquante de l’histoire de la photo par ses photomontages surréalistes, créés en combinant plusieurs négatifs dans la chambre noire. C’est dans son laboratoire, qu’il avait adapté pour les photomontages, que toutes les photos prenaient vie. Ces manipulations analogiques, initiées dès les années 50, conservent leur puissance et leur beauté aujourd’hui, et n’ont pas à souffrir des avancées numériques actuelles. Il s’en dégage un onirisme doux et puissant, souvent imprégné d’une nature sauvage où l’être humain semble n’exister qu’en tant qu’ombre. Une œuvre sensible que l’ouvrage permet de redécouvrir. Ce dernier offre plusieurs photographies inédites, tout en balayant son œuvre argentique, des années 50 aux années 70. 

Grandes expositions

Couverture du livre sur Moï Ver

Sous la direction de Julia Jones et Karolina Ziebinska-Lewandowska, Moî VerÉditions du Centre Pompidou, 2023

Moshe Vorobeichic (également Moshe Raviv), dit « Moï Ver » était un peintre, graphiste et photographe né en Lituanie en 1904 et mort en Israël en 1995. Après un passage à l’école du Bauhaus à la fin des années 20, il part à Paris, s’inscrit à l’École technique de photographie et de cinématographie, et fréquente également l’Académie Moderne de Fernand Léger. Cette combinaison d’influences avant-gardistes va construire son style. Paris, pour lui, sera synonyme d’expérimentations, jouant avec les décadrages, collages et photomontages dans ses photographies. Il va également documenter la vie des Juifs à Vilnius (Lituanie), ou en Pologne en 1930. A partir de 1934 il s’installe en Palestine, et se rapproche des organisations sionistes, mettant son talent au service des communautés juives, notamment celles des kibboutzim. Moï Ver s’installe ensuite dans le nord d’Israël en 1953 pour se consacrer uniquement à la peinture. Cette première monographie réunit près de 250 documents divers pour la plupart inédits. 

Exposition au Centre Pompidou (Paris), du 12 avril au 28 août 2023. 

Couverture du livre Mondes Perdus du Quai Branly

Sous la direction de Christine Barthe et Annabelle Lacour, Mondes photographiques, histoires des débuts, Musée du Quai Branly – Jacques Chirac/Actes Sud, 2023 

Ce catalogue de l’exposition « Ouvrir l’album du monde » au musée de quai Branly – Jacques Chirac envisage l’histoire de la photo hors des frontières de l’Europe. Des premiers photographes de Bombay ou de Madagascar, des daguerréotypes réalisés en Amérique du Sud ou bien encore des portraits des populations autochtones en Australie, cet ouvrage décentre notre regard, habituellement dirigé par un tropisme européen. L’histoire des débuts de la photographie se révèle ainsi dans sa richesse et sa diversité, se transportant en Asie, Afrique, Océanie ou en Amériques. Issu de l’exposition qui comportait près de 300 œuvres rares, dont la majeure partie issues des collections du musée, ce catalogue s’accompagne de textes d’une cinquantaine d’auteurs, complétant de façon érudite une riche iconographie. 

Exposition présentée du 4 avril au 2 juillet 2023 au musée de quai Branly – Jacques Chirac (Paris) 

Couverture du livre sur Thomas Demand

Douglas Fogle, Le bégaiement de l’histoire, Jeu de Paume/Mack, 2022 

Cet ouvrage résume la carrière de Thomas Demand, (1964, Allemagne), photographe et artiste contemporain allemand, qui a fait l’objet d’une grande rétrospective au Jeu de Paume en 2023. Ses images, impressionnantes, procèdent d’une démarche artistique originale et radicale : l’artiste reconstitue des scènes diverses à échelle réelle et en trois dimensions sous forme de maquettes, les photographie, puis les détruit. Faites de papier et de carton ces maquettes reproduisent des scènes de notre histoire contemporaine, souvent inspirées par des photos de presse, comme celles de la salle de contrôle de la centrale de Fukushima, ou de la chambre d’hôtel qui a tenu lieu de planque à Edward Snowden, à Cheremetievo. A la fois d’un réalisme troublant et d’une irréalité inquiétante, de par leur lisse froideur et leur absence d’êtres humains, ces photographies questionnent le vrai, l’information, ce que nous voulons montrer de notre monde. 

Exposition présentée au Jeu de paume (Paris), du 13 février au 28 mai 2023 

Jeune photographie

Couverture du livre de David Siodos

David Siodos, A l’ombre des vivants, Éditions Le Mulet, 2023

David Siodos a entamé un travail documentaire étalé sur trois ans (de 2017 à 2020) sur des personnes vivant aux abords du périphérique toulousain, une population invisibilisée que l’on nomme « SDF » ou « marginaux ». Mais A l’ombre des vivants procède d’un traitement esthétique particulier : les images, d’un noir et blanc contrasté, griffées, granuleuses, parfois floues, sont issues de filtres bricolés : bouts de verre déformant l’image, vitres d’abribus, plaque de plexiglas, etc… Il s’attaque également à la pellicule elle-même, en la grattant, en lui mettant de l’acide. Le résultat donne des images issues d’un rêve sombre, à la frontière avec la réalité, à l’ombre des vivants. Des portraits de ces SDF complètent les photographies en fin d’ouvrage, traduit par les interactions que l’auteur a développées au fil de ses rencontres au long cours. 

Couverture du livre d'Arnaud Chochon

Arnaud Chochon, Way to blue, Filigranes Éditions, 2023 

Arnaud Chochon, diplômé en 2016 de l’école de photographie toulousaine ETPA, délivre avec Way to blue un récit intime sous forme d’images, provoqué par le décès brutal de son frère. Ce drame personnel a révélé « un travail photographique de quatre ans dont la forme est variée, du numérique à l’argentique, du compact au reflex en passant par le téléphone, pourvu qu’elle incarne les différentes phases du deuil et de la reconstruction« . Des photographies mêlant paysages brumeux, natures mortes et images du quotidien. Avec l’ombre de ce frère trop tôt disparu qui plane sur ces bouts de mémoire forcément empreints de mélancolie. 


Les catalogues d’exposition du Studio (MEP, Paris) 

La Maison Européenne de la Photographie a créé en 2019 l’espace du Studio, qui offre à de jeunes artistes photographes et vidéastes leurs premières expositions individuelles. Chaque saison deux expositions monographiques sont proposées, avec une attention particulière accordée à la scène française. Le Studio apporte également son soutien à la production d’œuvres photographiques et vidéo, ainsi qu’à la réalisation de projets d’édition. Ces deux catalogues résument la programmation 2023 du lieu. 

Couverture du livre sur Cédrine Scheidig

Cédrine Scheidig, De la mer à la terre, 2023 

La photographe franco-caribéenne Cédrine Scheidig (née en 1994), est lauréate du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents 2021. De la mer à la terre fait dialoguer deux séries : la première traite de la diaspora afro-caribéenne résidant en banlieue parisienne (« It is a Blessing to be the Color of Earth »), et la seconde, intitulée « Les mornes, le feu » est située en Martinique, à Fort-de-France. Sa photographie documentaire nimbée d’une lumière douce offre une poésie élégiaque à travers portraits, natures mortes et paysages. Un texte en fin d’ouvrage, irrigué par la mangrove et le fantôme d’Edouard Glissant, propose une réflexion poétique sur des sujets tels que le passé colonial et l’identité. 

« Mon travail photographique est une élaboration poétique autour de corps et d’expériences qui sont assez peu représentés ou qui sont représentés d’une façon très spécifique par les médias et par les discours dominants. Qui sont finalement assez peu explorés d’une manière créative et sensible« . 

Couverture du livre de Diane Severin Nguyen

Diane Severin Nguyen, Diane Severin Nguyen, 2023  

Diane Severin Nguyen (1990, Carson) est une photographe et vidéaste américaine qui vit et travaille entre Los Angeles et New York. Ce catalogue résume la première exposition de l’artiste dans une institution française. Des images ayant une forte dimension colorée et organique, où tout semble entrer en décomposition, en macération. On a du mal à identifier ces bouts de chair luisants et déchirés, ces membranes translucides que l’on devine visqueuses… Un univers fantastique qui provoque à la fois attrait et répulsion. Une beauté se dégage de ces photographies en gros plan et mises en scène comme sorties d’un laboratoire d’expérimentations biologiques, ce qui ne fait que renforcer la sensuelle étrangeté de la matière représentée, dominée par des couleurs mauve, rouge, jaune et verte. 

Penser la photographie

Couverture du livre Le flou, une histoire photographique

Pauline Martin, Flou, une histoire photographique, Delpire et Photo Élysée, 2023 

 L’ouvrage retrace l’histoire du flou dans la photographie, de l’invention du procédé à l’époque contemporaine. Pauline Martin, docteure en histoire de l’art et conservatrice au musée Photo Elysée (Lausanne) envisage cette pratique de façon transversale, la faisant débuter dans les ateliers des peintres du XVIIème siècle. Façonné par la technique picturale, le flou va apparaitre dans le domaine de la photographie pour qui au départ netteté équivalait à vérité. Utilisé par l’avant-garde des années 1920/30, ce flou va progressivement devenir un instrument de l’expression artistique, pour obtenir une forme de légitimation dans la seconde moitié du XXème siècle. L’ouvrage analyse précisément cette notion dans le domaine de la peinture, de la photographie, mais aussi du cinéma, et met au premier plan une riche iconographie, déroulant tout d’abord son histoire par des images. Avec des textes de Michel Poivert, Sébastien Lifshitz, Florian Ebner, Martine Beugnet et Martin Barnes. 

Couverture du livre Espace Vital

Sous la direction d’Anahita Ghabaian Etehadieh, Espace vital : femmes photographes iraniennes, Textuel, 2023 

Cet « espace vital » rassemble les clichés de vingt-trois femmes photographes issues de trois générations, et offre un panorama de la photographie iranienne contemporaine. Ceci depuis les pionnières Hengameh Golestan et Rana Javadi photographiant la révolte des femmes en 1979 refusant de porter le voile, jusqu’aux plus jeunes comme Maryam Takhtkeshian (née en1984) ou Ghazaleh Rezaei (née en 1990). Photographie documentaire ou mise en scène, expérimentations diverses, utilisation d’archives, autoportraits intimistes, etc… Le livre explore la richesse et la vitalité de ces pratiques, avec toujours en point de mire une visée politique et féministe rendue encore plus évidente depuis le 16 septembre 2022, date à laquelle Mahsa Amini, jeune kurde iranienne, meurt après plusieurs jours de garde à vue après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour « tenue inappropriée ». Le livre est ainsi à l’image de la photographie de couverture réalisée par Newsha Tavakolian en 2010, faisant partie d’une série mettant en scène des chanteuses iraniennes qui depuis 1979 ne peuvent plus se produire en solo ni enregistrer de disques en leur nom. L’une d’elle  pose dans la rue l’air déterminé, face à l’objectif, en tchador avec des gants de boxe. 

Anahita Ghabaian Etehadieh, (1962, Téhéran), vit et travaille en Iran. Elle a fondé en 2001 la Silk Road Gallery, première galerie iranienne consacrée à la photographie contemporaine, celle-ci n’étant soutenue par aucune institution dans le pays. Une interview disponible ici, réalisée par le magazine Télérama.